L'Atlantide selon Platon

Platon est le premier chroniqueur de l'Atlantide, à travers les dialogues du Timée et du Critias. Tout d'abord dans le Timée, c'est Critias qui raconte l'histoire de l'Atlantide, qui lui est parvenue par le récit de Solon à son retour d'un voyage en Egypte. Ce dernier relate sa rencontre avec un vieux prêtre égyptien. 

Le vieux prêtre explique :

"Il y a eu souvent et il y aura encore souvent des destructions d’hommes causées de diverses manières,  les plus grandes par le feu et par l’eau, et d’autres  moindres par mille autres choses.  [...] Tout d’abord vous ne vous souvenez que d’un seul déluge terrestre, alors qu’il y en a eu beaucoup auparavant.

Nous gardons ici par écrit beaucoup de grandes actions de votre cité qui provoquent l’admiration, mais il en est une qui les dépasse toutes en grandeur et en héroïsme. En effet, les monuments écrits disent que votre cité détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie tout entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique. On pouvait alors traverser cet Océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Héraclès. Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui l’entoure a vraiment tous les 

titres pour être appelée continent."

Mille ans avant la découverte de l'Amérique, il semble bien que les égyptiens connaissaient déjà l'existence d'un autre continent...  Coup de chance de Platon ? Non ! Ce n'est pas du tout étonnant si l'on regarde toutes les correspondances entre la civilisation égyptienne et les civilisations précolombiennes. 

Le vieux prêtre continue :

Or dans cette île Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance, qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres îles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du détroit, de notre côté, ils étaient maîtres de la Libye jusqu’à l’Égypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie.

Ce détail est assez intéressant : il permettrait d'expliquer que ces différentes parties du monde aient des traditions en commun, comme les mythes du déluge, la construction de mégalithiques et le culte du taureau, que nou verrons plus tard. 

"Or, un jour, cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays, le nôtre et tous les peuples en deçà du détroit. Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force. [...] Elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée, préserva de l’esclavage les peuples qui n’avaient pas encore été asservis"

Puis viens le temps de la destruction du continent : 

"Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même. Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant"

Ces détails sont assez troublant : encore aujourd'hui il est reconnu scientifiquement que la mer des Sargasses possède un fond vaseux profond. Le triangle des Bermudes fait aussi l'objet de phénomènes étranges, qui rendent la naviguation impraticable (boussoles qui ne marchent plus, avions qui disparaissent...). Encore une coïncidence de l'imagination de Platon ? C'est peu probable !

Puis, dans le Critias de Platon, nous découvrons les racines de l'Atlantide qui est sous la domination de Poséidon. 

"C'est ainsi que Poséidon, ayant eu en partage l’île Atlantide, installa des enfants qu’il avait eus d’une femme mortelle dans un endroit de cette île que je vais décrire. Du côté de la mer, s’étendait, par le milieu de l’île entière, une plaine qui passe pour avoir été la plus belle de toutes les plaines et fertile par excellence. Vers le centre de cette plaine, à une distance d’environ cinquante stades, on voyait une montagne qui était partout de médiocre altitude. Sur cette montagne habitait un de ces hommes qui, à l’origine, étaient, en ce pays, nés de la terre. Il s’appelait Événor et vivait avec une femme du nom de Leucippe. Ils engendrèrent une fille unique, Clito, qui venait d’atteindre l’âge nubile, quand son père et sa mère moururent. Poséidon, s’en étant épris, s’unit à elle et fortifia la colline où elle demeurait, en en découpant le pourtour par des enceintes faites alternativement de mer et de terre, les plus grandes enveloppant les plus petites."

Il est étonnant de voir une certaine similitude entre ce récit et la récit de la genèse dans la Bible, où les fils de Dieu épousent les filles de hommes. L'humanité semble être dans les 2 cas le fruit d'une fusion entre un Dieu et une mortelle. Tandis que Yahvé place Adam et Eve dans le jardin d'Eden, Poséidon veut aussi protéger Clito des menaces extérieures. 

Puis, Platon décrit le système politique et militaire de l'Atlantide et l'abondance des richesses de cette île.  Critias précise que les ordres de Poséidon étaient la règle qui s'imposait au gouvernement générale et aux rapports des rois entre eux. "Ces ordres leur avaient été transmis dans la loi souveraine"

Le sacrifice animal à mains nues était pratiqué pour solliciter la clémence de Dieu. 

La profanation du sanctuaire de Clito par les Atlantes eux mêmes amena la colère du dieu qu'ils avaient trahi.

Tant qu’ils raisonnèrent ainsi et gardèrent leur nature divine, ils virent croître tous les biens dont j’ai parlé. Mais quand la portion divine qui était en eux s’altéra par son fréquent mélange 

avec un élément mortel considérable et que le caractère humain prédomina, incapables dès lors de supporter la prospérité, ils se conduisirent indécemment, et à ceux qui savent voir, ils apparurent laids, parce qu’ils perdaient les plus beaux de leurs biens les plus précieux, tandis que ceux qui ne savent pas discerner ce qu’est la vraie vie heureuse les trouvaient justement alors parfaitement beaux et heureux, tout infectés qu’ils étaient d’injustes convoitises et de l’orgueil de dominer. Alors le dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant les lois et qui peut discerner ces sortes de choses, s’apercevant du malheureux état d’une race qui avait été vertueuse, résolut de les châtier pour les rendre plus modérés et plus sages. À cet effet, il réunit tous les dieux dans leur demeure, la plus précieuse, celle qui, située au centre de tout l’univers, voit tout ce qui participe à la génération, et, les ayant rassemblés, il leur dit :...

Ainsi s'achève le récit de Critias.

L'Atlantide est morte en oubliant son origine divine et en nourrissant son orgueil démesuré, puni par les Dieux par un déluge...